Comment vous est venue l’idée de créer un insert ouvert pour cheminée ?

Baptiste Ploquin : Avec mon associé David Lépiney, ingénieur en thermique, nous avons démarré Finoptim en 2011 sur les bancs de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Grenoble, dans le cadre de notre projet de fin d’études. Nous sommes partis d’un constat simple. Il y a trois millions de cheminées à foyer ouvert en France. Leur rendement est très faible, de l’ordre de 10 %. Elles sont émettrices de particules fines et de pollutions. Il y a deux solutions : soit on ferme la cheminée avec un insert, soit on arrête de l’utiliser. Mais le foyer ouvert, c’est la beauté du feu, le côté convivial… Nous nous sommes dit qu’une innovation dans le domaine pouvait intéresser le marché.

En quoi votre invention est-elle novatrice ?

L’insert ouvert, qui s’insère dans l’âtre de la cheminée, repose sur le principe de la double combustion. Il permet de brûler les gaz de la première combustion du bois ainsi que les particules fines, en réinjectant de l’air à haute température pour que celles-ci se réenflamment. Notre technologie brevetée réduit de 80 % les polluants émis par les foyers ouverts, comme du monoxyde de carbone, et porte leur rendement à 45 %, contre 10 à 15 %, soit quatre fois plus ! Pour la Recherche & Développement, nous avons travaillé pendant un peu plus de deux ans avec un des laboratoires du groupe Grenoble INP (Institut national polytechnique) et avec la plateforme technologique grenobloise Gi-nova. L’incubateur de technologies GATE 1 nous a également accompagnés. Nous sommes lauréats du Concours national de la création d’entreprise de technologie innovante 2012, organisé par le ministère de la Recherche et BPI France.

Votre produit répond -t- il aux Plans de protection de l’atmosphère (PPA) ?

Les PPA visent à réduire les émissions de polluants atmosphériques dans les agglomérations françaises de plus de 250 000 habitants et dans les zones qui dépassent les seuils réglementaires.

Les récents PPA mettent en cause les cheminées à foyer ouvert. A Paris, au 1er janvier 2015, le chauffage au bois, quel que soit l’équipement, sera interdit. Les cheminées à foyer ouvert seront interdites dans certaines communes d’Île-de-France. Dans la Vallée de l’Arve, entre Chamonix et Genève, il y a une forte concentration de pollutions. Lors des épisodes de pollution par les particules fines, il est interdit d’utiliser des appareils de chauffages au bois non performants. Avec notre système, on peut continuer à utiliser sa cheminée à foyer ouvert car les performances atteintes sont équivalentes aux appareils fermés à haut rendement.

Votre associé David Lépiney, directeur général de l’entreprise, a reçu le prix Norbert Ségard dans la catégorie « technologie et énergie ». Que récompense-t-il ?

Il met à l’honneur les ingénieurs entrepreneurs. La Fondation soutient la création d’entreprises technologiques innovantes qui prennent en compte les grands enjeux de notre société. Notre marché est nouveau, il n’y a pas beaucoup d’innovations dans ce domaine.

Avez-vous débuté la commercialisation ?

Nos premières ventes ont débuté en octobre dernier. Depuis, nous avons vendu une cinquantaine d’inserts ouverts. Notre marché concerne la rénovation. Nous avons un réseau de quatorze revendeurs indépendants sur le quart sud-est, plus un revendeur dans le Nord. Notre ambition est de mailler le territoire national.

Quels sont vos autres objectifs ?

Nous aimerions vendre cette année une centaine de systèmes, puis tripler les ventes tous les ans. Aller vite pour aller loin. D’ici la fin de l’année, nous souhaiterions proposer nos solutions dans un pays limitrophe de la France dans un premier temps. Dans les trois années à venir, notre objectif est d’avoir une douzaine de salariés, des commerciaux, ingénieurs, assembleurs. La fabrication est réalisée à 100 % en France, par des sous-traitants en Rhône-Alpes. L’assemblage se fait en interne, à Fontaine. C’est très important pour nous de travailler en circuit court et de créer des emplois sur le territoire. Toujours en phase d’amorçage, nous préparons une levée de fonds de 250 000 à 500 000 euros d’ici cet été, avec l’objectif de rester majoritaire au capital.

lien vers l’article sur le site décideurs en région : http://bit.ly/1ko1RfN